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12/08/2015

Australie : des dirigeants climato-négationnistes

Le premier ministre Tony Abbott. 

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Les élites de Sydney sont dans la roue de l'ultra-droite américaine :


 

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Le Premier ministre Tony Abbott dit : « L'idée de changement climatique est une merde absolue. »  Le cardinal Pell, ex-archevêque de Sydney, contredit dans le Financial Times l'encyclique Laudato Si... Les grands notables australiens tournent le dos à l'effort international pour la réduction des gaz à effet de serre, et leur attitude navre les pays fragiles. « Si le reste du monde suit l'Australie, la grande barrière de corail disparaîtra », constate par exemple le ministre des Affaires étrangères des îles Marshall : archipel océanien de 71 000 habitants voué à la submersion du fait de la montée du niveau des océans.

Tony Abbott est le plus obtus des négationnistes climatiques, rappelle la presse* : « Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, il a enterré la taxe carbone promue par les travaillistes, torpillé des projets d'énergies renouvelables, supprimé le poste de ministre des Sciences et nommé des climatosceptiques à des postes clés... »

Parmi ceux-ci, le conseiller numéro 1 du Premier ministre : Maurice Newman. Le 25 mai dernier, Newman s'est fait remonter les bretelles par le Bureau national australien de météorologie pour avoir affirmé dans le journal The Australian : « Le facteur anthropique du réchauffement du climat est une invention de l'ONU pour imposer un nouvel ordre mondial et s'opposer au capitalisme et à la liberté. » Cette déclaration - venant du bras droit d'un Premier ministre - a soulevé l'indignation des scientifiques : « Ce qu'affirme Newman est faux et relève à la fois de l'incompétence et d'un "old red herring" », protestent les météorologues. (L'expression « red herring », « hareng rouge », vient d'une méthode de dressage de chiens et veut dire « tactique de diversion »).

Au même moment, le directeur du Bureau national de météorologie, Robert Vertessy, remontait aussi les bretelles à M. Abbott qui avait affirmé : «  Le charbon est bon pour l'humanité »... Réponse du scientifique  devant une commission du Sénat australien : « La cause primaire du réchauffement global est l'émission de CO2, et la cause primaire de l'augmentation des émissions de CO2 réside dans les combustibles fossiles. »

Jusqu'à présent les scientifiques n'ont pas réussi à ébranler les certitudes en béton de M. Abbott, de M. Newman ou du cardinal Pell - lui aussi auteur de déclarations qui ont entraîné une protestation publique du Bureau australien de météorologie.

Les grands notables conservative en Australie sont en effet dans la roue du parti républicain des Etats-Unis : lequel est cornaqué par son ultra-droite, dont le leitmotiv climato-négationniste (version complotiste) imprègne la majorité actuelle au Sénat de Washington.**

M. Newman, 77 ans, né en Angleterre, est un financier. M. Abbott, 58 ans, né lui aussi en Angleterre, est un politicien professionnel venu du journalisme. M. Newman se proclame « agnostique » et accuse la climatologie d'être « une religion » ; M. Abbott est catholique mais pense le contraire de l'Eglise sur plusieurs questions graves, dont celle du climat (et l'écologie en général). Comme la chaîne religieuse américaine EWTN, il semble croire : 1. que le seul devoir social du catholique consiste à être « pour la famille traditionnelle » ; 2.  que le capitalisme est au dessus de toute critique. Ce n'est pourtant pas ce que dit le Magistère !

 

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* Christian Losson, Libération 12/08.

**  Ce leitmotiv (jusqu'en juin dernier) était relayé par les sites de l'ultra-droite libérale parisienne, y compris ses succursales « catholiques ». Celles-ci ont dû mettre une sourdine sur le sujet : leur zone de chalandise étant le milieu catho, elles ne peuvent trop montrer leur discordance d'avec l'Eglise dans les domaines écologiques, économiques, sociaux, etc. Mais cette discordance refait surface à tout moment.

 

 

Maurice Newman (le "conseiller"), vu par les sites verts australiens :

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Hilarité de la presse australienne devant la dernière de Maurice Newman (annoncer "un petit âge glaciaire" pour les décennies à venir) :

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...mais un site de droite parisien a pris la prédiction de Newman au sérieux, saisissant ainsi l'occasion de tacler l'encyclique sans en avoir trop l'air.

 

 

Commentaires

DISCUSSION

> Que Tony Abbott soit catholique "mais pense le contraire de l'Eglise sur plusieurs questions graves, dont celle du climat", voilà une formule que vous accepterez certainement de préciser.
N'importe quel catholique peut dire une stupidité; ce n'est pas la même chose que de contester un point de dogme ou un commandement moral. La toute récente encyclique du pape François, nourrie de l'expertise de divers spécialistes, prend acte du réchauffement climatique; elle n'en fait pas un point de doctrine. Si donc M. Abbott est climatosceptique à tout crin, cela prouve avant tout son manque de rigueur intellectuelle. Refuser de voir la réalité en même temps que le pape (et d'autres) la voi(en)t, c'est du crétinisme, pas de l'hérésie.
La question du libéralisme économique est autre: cette fois, la morale entre en jeu. Et nos ultralibéraux feraient bien de se rappeler que, si François est "socialiste", alors toute la Doctrine sociale de l'Eglise, depuis Léon XIII (pour ne pas remonter aux premiers chrétiens, à saint Basile de Césarée ou à saint Thomas d'Aquin), l'est aussi.

JMS


[ PP à JMS - Il ne faut pas laisser penser que tout ce qui n'est pas "dogme" est matière à opinions libres : c'est une idée confortable et commune à beaucoup de catholiques français, mais elle est inexacte. L'autorité du Magistère existe à tous les degrés selon des gradations ; Vatican II et Jean-Paul II ont insisté sur l'attention respectueuse et ouverte que le fidèle laïc doit aux prises de position magistérielles sur les questions de société.
Si François a consacré une encyclique (non un simple message) à l'écologie intégrale, avec d'aussi longs développements écologiques, économiques et sociaux, c'est bien pour mettre l'autorité magistérielle dans la balance. Nous n'avons pas le droit de chipoter.
Le réchauffement climatique ou les questions économiques ne sont pas des "points de doctrine" ? Certes non, pas plus que l'héliocentrisme ; mais ce qui est un point de doctrine, c'est l'attitude des fidèles devant la responsabilité chrétienne (DSE) au sujet du réchauffement et en général de l'écologie et de l'économie : je me permets de vous suggérer de relire l'encyclique aux §§ 17, 49, 74, 151, 161 et 164-165... ]
M. Abbott se trouve en contradiction avec un document pontifical de grande importance, qui engage non seulement l'action sociale des catholiques mais la pastorale de nouvelle évangélisation.
Quant à ses discordances graves avec le magistère hors du sujet de l'encyclique, en voici un exemple : ce Grand Défenseur de la Famille Traditionnelle n'est pas totalement contre l'avortement. Le libéralisme a sa logique, et ce n'est pas celle de l'Eglise.
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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 12/08/2015

ABBOTT LE MAL NOMMÉ

> Tony Abbott, ex-séminariste (et surnommé pour cela par la presse australienne de gauche "le moine fou"), avait déjà dit, au sujet d'un prêtre qui avait pris la défense des Aborigènes: "transformer le pain et le vin en corps et sang du Christ, ne fait pas transformer une mauvaise logique en bonne logique."

PJ


[ PP à PJ - D'autant qu' "abbot" en anglais veut dire... "abbé". Ce personnage est inquiétant sur tous les plans. On a envie de dire au cardinal ce que de Gaulle avait dit à Lagaillarde : "changez d'amis." ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Jova / | 12/08/2015

HYPOCRITE

> J'avais entendu quelque chose de plus hypocrite: l'Australie envisage de réduire ses propres émissions de CO2, mais sans parler de ses exportations de charbon, dont elle est le 4eme producteur mondial, ce qui est bien plus considérable que les rejets de sa faible population.
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_en_Australie
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Écrit par : Pierre Huet / | 12/08/2015

C'EST LE "JOUR DU DÉPASSEMENT"

> Comme un anniversaire, qui tombe chaque année plus tôt:
http://www.sudinfo.be/1352214/article/2015-08-12/des-ce-13-aout-nous-consommons-les-ressources-naturelles-des-generations-futures
Comptons sur les Australiens sensés pour le mettre en exergue ce jour...
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Écrit par : Aventin / | 13/08/2015

D'ACCORD

> Votre réponse à mon commentaire me fait dire qu'il y a entre vous et moi - profondément - un plein accord.
Loin de moi l'idée de dévaluer "la responsabilité écologique" et "la responsabilité chrétienne" en les opposant si peu que ce soit aux questions de "dogme" ou de "doctrine"! J'ai mis sur le même plan le "point de dogme" et le "commandement moral", et j'ai simplement distingué, d'une part, ces deux normes de la vie chrétienne et, d'autre part, l'étude des réalités empiriques, la constatation des faits.
Si "la question du climat" désigne le changement climatique comme phénomène objectif, le problème est scientifique; si la même expression inclut les attitudes humaines à adopter face à ce phénomène, le problème est évidemment moral - et la morale catholique, dans ses dimensions individuelles et familiales comme dans ses dimensions sociales, économiques et écologiques, ne relève pas plus des "opinions libres" que le dogme de la Trinité ou celui des deux natures du Christ.
Face à "Laudato si'", je ne revendique pas plus que vous "le droit de chipoter".

JMS


[ PP à JMS - Je n'en doutais pas un seul instant ! Il fallait juste que nous précisions ce point à l'intention des lecteurs de passage. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 13/08/2015

"LAÏQUES", "DE GAUCHE", ET... POUR LE TRAVAIL DES ENFANTS

> Et cependant, sur des questions que le pape a liées courageusement à la lutte environnementale (quel bonheur de lire dans l'encyclique les liens qu'il établit entre les causes communes des ravages sociaux et écologiques !), la gauche qui se croit indépendante et anti-système se joint avec enthousiasme à l'utralibéralisme de droite, y compris dans ses tendances les plus viles.
Dernier exemple en date : la complaisance émue du journaliste blogueur de Mediapart pour le travail des enfants boliviens (pour rappel, dès l'âge de 10 ans).
L'argument est connu, et d'ailleurs tellement social ! Puisque de toute façon ils vont travailler, ces innombrables petits moutards criards qui courent partout, le plus humain est de légiférer pour encadrer leur statut. Tout ça, c'est pour leur bien.
http://blogs.mediapart.fr/blog/amanda-chaparro/280715/travail-des-enfants-en-bolivie-un-autre-regard
Et voilà le genre de raisonnements que la presse "de gauche" reprend aux maîtres de forge du 19e siècle et à la droite républicaine américaine ultralibérale façon Newt Gingrich (ou d'ailleurs au patron d'Air France KLM, réécouter sa délicieuse causerie à Royaumont).
Cet article plein d'abjectes finasseries du reste très classiques ("ce sont les enfants eux-mêmes qui le demandent", et puis ils vont quand même à l'école, ces petits veinards - ou pas, mais il serait impoli de vérifier), c'est la preuve absolue que les "ennemis du libéralisme", mais ceux qui sont "raisonnables" bien sûr, sont en fait des collaborateurs enthousiastes du capitalisme d'exploitation de masse.
Comme par hasard, le même journal est plein de fiel laïque et démocratique envers l'influence politique du pape François en Amérique du Sud. Trop radicale, la critique du capitalisme comme structure intrinsèque de péché. Ce qu'il faut, ça n'est pas détruire le système, il est si doux à tous, c'est juste "encadrer" le travail des enfants en attendant que la croissance, notre idole mystique et sacrée, offre un jour le bonheur à tous grâce à cette redistribution juste et sincère dont l'évidence nous aveugle chaque jour davantage. Grâce à la sainte croissance, des épées nous ferons des socs, le lion paîtra avec l'agneau et un petit enfant les conduira. En attendant, le petit enfant, au boulot !!!
Certes, l'exploitation des enfants n'a jamais cessé sur les deux tiers du globe, au profit de tous y compris du tiers restant, mais on faisait au moins semblant de vouloir son éradication. C'est fini. Les paroles se libèrent. Il est si bon de pouvoir enfin dire ce qu'on pense ! Et que l'on puisse désormais dire et écrire ce genre de choses nous dit bien que nous avons franchi un seuil au-delà duquel nous allons bel et bien pouvoir constater que les civilisations sont mortelles.
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Écrit par : Christian Vennec / | 13/08/2015

Mgr SCHNEIDER CONTRE VATICAN II

> à Jean-Marie Salamito et PP
- Sur Vatican II, récidive de de Mgr Athanasius Schneider : l'évêque volksdeutsch du Kazakhstan affirme que l'Eglise peut réintégrer sans condition les schismatiques anticonciliaires, parce que ce concile "n'était que pastoral" donc négligeable.
Alors que Vatican II a produit deux constitutions dogmatiques de première importance et d'une profondeur inégalée dans les conciles des derniers siècles : 'Lumen gentium' (sur l'Eglise) et 'Dei verbum' (sur la Révélation divine) !
Faire comme si ces constitutions n'existaient pas est aberrant voire scandaleux.
C'est conforter une partie du public catholique dans son préjugé à l'encontre d'un concile essentiel, et pousser ces gens à continuer à croire que ce concile fut regrettable, daté et "complaisant envers des modes éphémères".
Tout ça parce que Mgr Schneider ne comprend pas et n'aime pas la théologie de l'Eglise vivante ?
En voilà donc encore un qui "tacle le pape".
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Écrit par : borat / | 13/08/2015

PLUMES

> on va encore supporter combien de temps une poignée de nostalgiques d'une Eglise à dentelles et éventails de plumes ?
à l'époque du discours de Santa Cruz ????
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Écrit par : angelo rossi / | 13/08/2015

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